Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont aidé entre 1975 et 1979 pour la réalisation de cette revue qui, bien que certains numéros se soient vendus à près de 30 000 exemplaires (numéro 10/11), n’a pu exister que grâce au bénévolat de toute cette équipe.
Lionel Ehrhard, rédacteur en chef
et
Mireille Bigré
Jean-Gilles Boehm
Alain Chene
Martine Encoignard
Karol Freitag
Michel Kapture
Claude Maussion
Eve Morzuch
Marie-Berthe Servier
Arlette Namian
Truyen Vu-Thé
Alet Valot
Claude WillemontLiane Willemont
Jacques Willemont
Réalisateur, opérateur ou producteur de plus de 40 films de long, moyen et court métrage entre 1968 et 1976 ; ces films ont été diffusés dans 17 pays à travers le monde.
Jacques Willemont cesse toute activité cinématographique à partir de 1977. Il crée la revue Impact, revue du cinéma direct, puis fonde le festival de films L’homme regarde l’homme en 1975 à Créteil. Le festival se déplacera en 1978 au Centre Georges Pompidou et sera rebaptisé Cinéma du réel.
Passionné de la première heure par les possibilités d’interaction entre audiovisuel et informatique, il concevra et réalisera de 1984 à 2003 quelque 22 programmes multimédias, multi-cibles et multi-supports.
Il a repris ses activités cinématographiques en 2004. Il vient de terminer un film sur Mai 68 dans les mondes ouvrier et paysan, L’AUTRE MAI : NANTES, MAI 68, ainsi qu'un film et un DVD sur Lascaux, LASCAUX, UN NOUVEAU REGARD, diffusé en France et aux Etats-Unis.
Il réalise actuellement un film sur l’anthropologue Maurice Godelier et un sur la musique traditionnelle des Gnawa.
Liens
L’autre mai
Pour en finir avec le 20ème siècle
Les quatre membres du jury :
Louise de Brisson
Diplômé d'une liscence d'ethnologie et d'un master de cinéma en documentaire.
Travail sur l’identité et la solidarité des peuples finno-ougriens de Russie au sein de l'Institut Français de Géopolitique.
Travail sur l’utilisation des techniques d’animation dans le cinéma documentaire appliqué dans un film sur la minorité live en Lettonie.
Actuellement en préparation d'un documentaire sur la fête des cimetières en Lettonie.
Juliette Loizeau
Ecriture d’un mémoire sur la représentation des minorités dans l’œuvre de Michael Cimino, dans le cadre d'études cinématographiques.
Diplômée d'un master professionnel : « Documentaire - Ecriture des Mondes Contemporains ».
Réalisation de plusieurs courts-métrages documentaires dont un au sein d’une communauté Emmaüs et un autre sur la genèse d’un projet artistique.
Actuellement en préparation d'un film sur l'Institut National des Jeunes Aveugles.
Julien Mathis
Diplômé d'un master professionnel "Réalisation documentaire - Ecrire le réel".
Ecriture et réalisation d'un court-métrage documentaire d'auteur LA CHARITE ON DIT MERCI sur Damien, le mendiant d'une cathédrale.
Etudiant en master de recherche d'ethnologie.
Travail sur les "communautés virtuelles" et l'informatique au sein du laboratoire "Cultures et sociétés en Europe".
Hélène Orth
Diplômée d'une licence d'ethnologie, d'un master 1 d'anthopologie sociale et culturelle et d'un D.U. de cinéma et audiovisuel.
Etudiante en master 2 professionnel "Réalisation documentaire - Ecrire le réel".
Réalisation de deux courts-métrages documentaires : l'un sur un carnaval, l'autre sur le métier de cordiste.
Actuellement en tournage d'un film sur le travail à la chaîne.
L’expression existe déjà dans l’article de Danielle Chantereau à la page 4 du numéro 6/7 de notre revue, catalogue du numéro 3 de L'HOMME REGARDE L'HOMME d’avril 1978.
Le titre me semble un peu ambigu parce qu’un film sur une fourmilière est également un film du "réel". Mais qu’importe, le festival s’est imposé d’année en année, mais je ne l’ai jamais fréquenté.
Enseignant pendant des années en université la communication en sciences sociales, j’ai été attentif à beaucoup de comptes-rendus faits par mes étudiants qui auraient aimé que je les accompagne lorsqu’ils participaient à cette manifestation.
J’ai eu l’impression qu’elle était devenue un festival documentaire comme les autres, où la performance audiovisuelle l’emporte parfois sur l’analyse profonde des comportements humains. Mais je peux me tromper.
J’y participerai cette année, je pourrai donc émettre un jugement en connaissance de cause.
1ère session - 1975
Le festival a été créé en 1975 par la revue IMPACT, dirigée par Jacques Willemont. Il a été accueilli et soutenu, pour les deux premières sessions, par l’équipe "cinéma" de la Maison des Arts et de la Culture de Créteil et tout particulièrement par Olivier Barrot. L’histoire de cette première rencontre figure dans les pages du numéro 2 de notre revue, reproduites ci-dessous.
Dès sa création, le festival est menacé par le mandarin qui règne sur l’anthropologie audiovisuelle. Nous en faisons état à la fin de l’article "Pourquoi Créteil ?". Nous écrivons en effet, de manière très allusive : "Evidemment, il est hors de question pour nous de reprocher à quiconque de n’avoir pas participé à Créteil. L’existence d’organismes différents aux activités nombreuses, nous semble très bénéfique. Pourquoi même, ne pas envisager dans certains cas, une répartition du travail".
Olivier Barrot, dans son interview est plus direct : "En l’occurrence, IMPACT nous a proposé un projet qui nous a paru cohérent et séduisant, nous ne reviendrons pas sur d’autres considérations qui ne nous intéressent pas. Ceci, pour dire que nous ne nous soumettrons au diktat d’aucun organisme, fût-il prestigieux, et ne remettrons pas en cause notre collaboration avec IMPACT".
2ème session - 1976
Trois semaines avant la 2ème session du festival, la Maison de la Culture de Créteil entre en crise. Les suites de cette crise sont très graves pour nous (pas de publicité, pas d’invitations, etc.), mais le festival se tient et les projections sont correctement organisées.
Cette défection est à l’origine de notre migration vers le Centre Georges Pompidou, en cours de création, qui recherche des projets de qualité. Un accord est passé avec la BPI (Bibliothèque Publique d’Information) pour l’année suivante.
3ème session - 1978
Le festival n’a pas pu avoir lieu en 1977 parce que la construction du bâtiment de Beaubourg a pris du retard. Mais en mars 1978, tout se met en place. Seul changement : le sous-titre. Le festival subit la même mue que la revue IMPACT qui est passée du "Cinéma ethnographique et sociologique" à "Revue du cinéma direct".
Tout baigne – si vous me permettez cette trivialité – jusqu’au moment où je lis le texte de Danielle Chantereau : jeune responsable des activités audiovisuelles de la BPI, déjà très préoccupée de sa carrière personnelle, elle omet de faire référence aux festivals précédents, à la revue IMPACT, et surtout à Jacques Willemont. La cuvée 1978 (celle dont on fête le 30ème anniversaire) de l’HOMME REGARDE L'HOMME, "rencontres internationales du cinéma direct" connaît un vrai succès.
L’acharnement contre Jacques Willemont est immédiatement proportionnel à ce succès.
Dans les jours qui suivent la manifestation dans laquelle pratiquement aucun film du CNRS n’est présenté, trois personnes liées au Comité du film ethnographique jugent nécessaire d’accompagner le mandarin déjà évoqué et de constituer un tribunal par contumace. Le présumé coupable est condamné, personne n’ayant pris la peine de lui demander de prendre le métro pour venir comparaître.
Le directeur de la BPI de l’époque n’a pas le courage d’Olivier Barrot et cède. La BPI conserve le festival, mais Jacques Willemont est prié d’aller monter ses projets ailleurs.
J’avais trente ans, en face de moi se dressait le "pape" du film ethnographique, qui m’avait publiquement "déclaré la guerre" le 2 septembre 1973, à Chicago, devant un parterre d’anthropologues dont Margaret Mead et Paul Hockings. Que faire ? Ne pas céder, évidemment. Rien que pour "l’honneur" puisqu’il s’agissait d’une activité bénévole.
4ème session - 1979
Il se tient en mars, dans une salle de cinéma d’art et essai.
Quelle programmation ! La présence à nos côtés du CNC, de l’INA, de l’AFCAE (Association Française du Cinéma d’Art et d’Essai), de la Ville de Paris, nous prouve que beaucoup de personnes ne supportent pas le diktat des mandarins et la faiblesse ou l’arrivisme des fonctionnaires des institutions culturelles.
Pour bénéficier d’une bonne communication, nous programmons quatre journées consacrées au cinéma et à la télévision pour l’enfance. Cela nous permet de participer à plusieurs émissions programmées avant et pendant le festival et de nous faire connaître.
Finalement, l’absurde règne pendant toute la préparation du festival. Les cinéastes se trouvent plus ou moins obligés de choisir leur "camp". Pour éviter une concurrence locale, nous programmons surtout des films canadiens, australiens, anglais, allemands, etc.
L’honneur était sauf, mais nous avons un goût amer dans la bouche et pas mal de dettes. Devant de nouvelles pressions subies par nos partenaires, nous prenons la décision de ne pas mettre en œuvre un numéro 5 du festival et nous souhaitons mentalement bonne chance au "Cinéma du réel" et aux cinéastes qui y participeront. Nous vouons bien entendu au diable tous ceux qui nous ont trahis.
A l’occasion du festival "Cinéma du réel" 2008, dont la BPI du Centre Georges Pompidou fête le 30ème anniversaire, Jacques Willemont, président de l’association Impact et fondateur en 1975 des "Rencontres du Film ethnographique et sociologique", devenu en 1978 les "Rencontres Internationales du Cinéma direct", puis en 1979 "Cinéma du Réel", décernera le Prix du fondateur.
Ce prix constituera une tentative de réponse à la question qui a animé l’équipe de rédaction de la revue Impact au moment de sa création en 1975, à savoir : Le cinéma documentaire permet-il de "connaître" d’autres cultures ? Il n’est pas superflu de poser la question à nouveau, à une époque où le cinéma documentaire consacré à "l’autre" se mondialise, une époque où l’anthropologie audiovisuelle apparaît de plus en plus comme soumise à des impératifs économiques, voire mercantiles, fournit des images standardisées de type exotique, pourvoyeuses de vols charters.
Ces films, malgré les bonnes intentions de leurs réalisateurs, sont souvent simplificateurs et ils contribuent à favoriser une vision ethnocentriste du monde, quel que soit le "centre" en question, d’un continent à l’autre.
Seuls, à notre avis, des films très élaborés, constituant des repères historiques dans les rapports interculturels, peuvent contribuer de manière radicale à la connaissance en profondeur des autres cultures et permettre de lutter contre la xénophobie et les préjugés issus de l’altérité, pour ne pas dire raciaux.
Ce prix récompensera un film qui, selon l’avis de notre jury composé de jeunes cinéastes et/ou anthropologues, répond à cette problématique.
Jacques Willemont
Le 1er février 2008